Une conférence a été organisée à cette occasion dans le service d’ophtalmologie et un échange de cas cliniques avec le Pr Freund a eu lieu.
Le Professeur Freund a ensuite visité les salles de consultations et d’injections intra-vitréennes du service.
K. Bailey Freund
Professeur d’ophtalmologie à la New York University School of Medicine.
Chirurgien au Manhattan Eye, Ear and Throat Hospital et au New York Presbyterian Hospital.
Membre de la Retina Socety, Macula Society et l’American Society of Retina specialistes.
Transcription de l’interview du Pr Freund
Pierre Sustronck :
Que pensez-vous des départements à Créteil et ses publications ?
Bailey Freund :
Le Centre Hospitalier Intercommunal de Créteil a toujours été une des plus importantes institutions grâce à son travail innovant, en particulier en rétine médicale. Beaucoup de concepts et d’idées originales sont sorties du travail ici, historiquement avec le Pr Gabriel Coscas et le Pr Gisèle Soubrane, et maintenant le Pr Eric Souied. Cet endroit a été jusqu’à maintenant à l’avant-garde de la recherche sur les maculopathies, en imagerie avec des idées nouvelles et c’est un lieu impressionnant à visiter. Il me semble que vous avez une équipe enthousiaste qui travaille bien ensemble. Elle semble également très motivée et professionnelle et vous avez des patients dont vous vous occupez bien.
Pierre Sustronck :
Avez-vous fait des recherches en vous basant sur des études ou des découvertes du CHI Créteil ?
Bailey Freund :
Oui, nous avons collaboré ensemble sur un sujet. A l’époque nous avons travaillé avec le Pr Yannuzzi sur l’angiographie au vert d’indocyanine. Nous travaillions sur ce que vous appelez ici à Créteil les anastomoses chorio-rétiniennes. Le Dr Yanuzzi avait une autre théorie et pensait que les anastomoses chorio-rétiniennes avaient une origine rétinienne. C’est pour ça qu’il les nomma « prolifération angiomateuse rétinienne ». Plus tard j’ai participé à l’étude de cette affection et, basé sur plusieurs expériences de ma carrière, j’ai pensé que l’origine de cette affection venait de la choroïde. Par la suite j’ai souvent changé d’avis et oscillé entre les 2 théories : origine rétinienne ou choroïdienne. C’est quelque chose qui n’est pas complètement résolu à ce jour. J’ai fait un travail en collaboration étroite avec Eric Souied et Giuseppe Querques sur l’origine réelle de cette lésion et nous avons publié ensemble plusieurs articles. Nous partageons le même intérêt pour essayer d’identifier les causes afin de comprendre la physiopathologie de la DMLA et de ses complications néo-vasculaires. J’ai beaucoup de respect pour cette institution qui a des idées créatives qui m’ont permis d’aller plus loin. Ce que j’ai présenté ici sont des éléments qui viennent d’ici, comme les « hyperreflective wedges » dont nous allons essayer de clarifier la physiopathologie.
Pierre Sustronck :
Concernant la collaboration, comment voyez-vous une coopération entre nos deux institutions ?
Bailey Freund :
Je pense que c’est plus facile aujourd’hui avec internet. Nous avons un accès facile à l’information et nous pouvons partager nos résultats de recherche et faire des publications ensemble. Il serait souhaitable, comme nous avons commencé à le faire dans notre institution, de faire chaque mardi matin une vidéoconférence des cas analysés, gérée par Laurence Yannuzzi. Ces vidéoconférences sont importantes parce qu’elles nous permettent de partager directement nos projets avec les derniers résultats et ainsi de progresser plus vite. C’est beaucoup plus efficace et direct comparé à une communication par email.
Pierre Sustronck :
J’ai une question sur l’OCTA. Qu’est-ce que cela apporte dans le diagnostic de la maladie maculaire ?
Bailey Freund :
J’ai beaucoup réfléchi à ce sujet ; la technologie devient plus pointue et il est évident que cela va changer la donne dans certains domaines. Je ne pense pas qu’elle va déjà remplacer complètement l’angiographie conventionnelle. Cependant, dans certains cas comme l’ischémie maculaire, c’est rapide et non invasif. Concernant la DMLA, pour certaines lésions, en particulier les néovaisseaux choroïdiens de type 1, qui sont relativement plates, cela s’avère plus sensible et plus spécifique. Mais dans d’autres aspects, si vous voulez vérifier s’il y a exsudation, une diffusion à partir de ces lésions, l’angiographie conventionnelle est toujours d’actualité. Donc aujourd’hui nous avons encore besoin des deux méthodes. Mais la technologie avance très vite et certains OCTA avec des champs plus larges vont s’imposer.