La maladie de Stargardt était une maladie qui était depuis sa description jusqu’aux années 2000 – 2010 une maladie qui ne faisait l’objet d’aucun traitement qui avait fait la preuve de son efficacité, et donc c’était ce qu’on pouvait appeler une maladie orpheline. Depuis 2010 disons, tout a changé. Il y a eu beaucoup d’intérêt de la recherche fondamentale et des ophtalmos pour les perspectives thérapeutiques dans cette maladie.
Toutes les vidéos sur la maladie de Stargardt :
- Un siècle de recherche – De 1909 à nos jours
- Baisse d’acuité visuelle – Risques de handicap ?
- Examen du fond d’œil – Imagerie multimodale
- Champ visuel – Vision des couleurs – Bilan basse vision
- Electrorétinogramme et évolution de la maladie
- Pistes thérapeutiques
- Génétique – Les spécificités
- Génétique – Mode de transmission – De la localisation du gène aux retentissements cliniques
Traitement pharmacologique
Une des premières stratégies pour traiter la maladie de Stargardt, ça va être la stratégie pharmacologique. Elle est assez séduisante puisqu’elle ne dépend pas de la nature des mutations dans le gène causal de la maladie de Stargardt. Et elle est très facile : c’est des comprimés à prendre. Son principe est de remplacer la vitamine A naturelle (alimentaire) par une vitamine A médicamenteuse qui induit moins de lésions, moins d’agressivité vis-à-vis de l’environnement rétinien.
Thérapie génique
Une autre stratégie thérapeutique envisagée dans la maladie de Stargardt c’est la thérapie génique, dont beaucoup de patients souffrant de maladies rares ont entendu parler grâce au succès du Luxturna (voretigène néparvovec), qui a montré un regain fonctionnel chez les patients souffrant de dystrophie rétinienne liée à un autre gène RPE65. Dans la maladie de Stargardt le principe est d’apporter une copie fonctionnelle du gène ABCA4 aux cellules de la rétine par une intervention chirurgicale et en utilisant le principe d’un vecteur viral.
Inhibition du complément
Il faut parler ensuite de l’inhibition du complément : c’est une étude qui s’appelle le Zimura. L’idée est un peu différente. En fait on connait l’histoire naturelle de la maladie de Stargardt, à savoir qu’il y a des molécules qui précipitent l’atrophie – la disparition du tissu rétinien, et on est capable de les neutraliser pharmacologiquement. Il y a donc des produits qui sont testés dans des essais cliniques pour montrer leur efficacité pour prévenir et ralentir l’atrophie.
Oligothérapie antisens
Très récemment une équipe de recherche en Hollande a montré qu’il existait dans les introns, donc dans l’ADN non transcrit, non traduit, des mutations qui pourraient être causales de cette maladie. Et ils ont également montré que ces mutations dans les introns pouvaient être accessibles à un traitement. Attention : cette thérapeutique dépend de la nature des mutations dans le gène ABCA4. Le nom de cette thérapie est l’oligothérapie antisens.
Autres stratégies
D’autres stratégies thérapeutiques ont été évaluées dans des dystrophies rétiniennes et maculaires d’origine génétique autres que la maladie de Stargardt, et pourraient à l’avenir lui être appliquées. On peut penser par exemple à :
- la thérapie cellulaire où on apporte des cellules saines de l’épithélium pigmentaire de la rétine,
- la thérapie tissulaire,
- l’utilisation de prothèses rétiniennes,
- et la correction génique par l’édition du génome au moyen de l’endonucléose CRISPR-Cas9.
Essais cliniques
Donc pour l’instant il n’y a pas de traitement universel qui a fait ses preuves cliniquement dans la maladie de Stargardt, sinon bien sûr il serait déjà prescrit à tous nos patients. En revanche il y a des essais cliniques en cours pour démontrer statistiquement le bénéfice de plusieurs de ces stratégies chez nos patients. On peut par exemple parler de l’essai qui concerne les inhibiteurs du complément dont on a parlé : c’est le Zimura. Il y a aussi la pharmacothérapie avec un protocole qui s’appelle Acucela Seastar qui est en train de recruter des patients.
En ce qui concerne la thérapie génique la situation est un peu plus compliquée et les inclusions sont stoppées. En revanche pour la thérapie cellulaire il y a plusieurs essais qui ont eu lieu et qui ont donné des résultats vraiment prometteurs dans la DMLA atrophique. On peut donc penser raisonnablement que les patients souffrant de maladie de Stargardt pourraient en profiter.
Prise en charge dans un centre de maladies rares
On ne peut plus vraiment dire que la maladie de Stargardt en 2020 est une maladie orpheline. Les patients présentent des affections qui peuvent avoir des aspects, une gravité, très très différents. En revanche, s’il faut retenir une chose, c’est l’intérêt d’être adressé, d’avoir un avis, auprès d’un centre de maladies rares. Les bénéfices sont nombreux.
Premièrement : mettre en évidence la cause moléculaire de l’affection, bien prouver que c’est le gène responsable de la maladie de Stargardt qui est en cause et pas un autre, être au courant des progrès de la science et de la recherche dans le cadre des maladies maculaires, pouvoir être inclus dans des protocoles d’études cliniques et d’études thérapeutiques.
Enfin on peut aussi recommander aux patients qui souffrent de la maladie de Stargardt un accompagnement psychologique. Et il existe pour ça des associations de patients dans lesquelles parfois ça fait du bien de pouvoir raconter son expérience et son parcours en tant que patient.